H2O Les eaux de l’oubli
L’Esprit des villes, collection
H2O, les eaux de l’oubli
Traduit de l’anglais par Maud Sissung
Préface de Thierry Paquot
En 1984, un groupe d’habitants de Dallas contacte Ivan Illich pour l’interroger sur l’opportunité de créer un lac à l’emplacement de tout un quartier central. Deux camps s’affrontent : les partisans rêvent d’un parc urbain avec un lac, qui serait aussi utilisé comme réservoir pour les eaux usées épurées ; les opposants évoquent le gaspillage des deniers publics. Mais tous s’accordent sur la beauté de l’eau et sa vertu apaisante. Cette ville est agitée par ce débat de manière récurrente. Ivan Illich se rend sur place le temps d’une conférence, invité par le Dallas Institute of Humanities and Culture. « Ce que je veux étudier, explique-t-il, c’est l’historicité de la matière, le sens que l’imagination d’une époque donne à la toile sur laquelle elle peint ses imaginaires. »
La symbolique de l’eau contient en elle une puissance mythologique et son observation déclenche d’innombrables rêveries. Ivan Illich emprunte à l’histoire des villes, à celle des techniques, du corps et de la médecine, des religions, des sensibilités de quoi démontrer que la canalisation de l’eau, sa décantation, son traitement chimique ne suffisent pas à rendre la ville habitable. Habiter exige un rapport direct à la matière et non pas la simple « consommation » d’un « bien » rare, « géré » techniquement…
L’eau exprime la vie, sa valeur n’a pas de prix.